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Poser l’adjectif « toxique » sur la relation à ses parents est un acte courageux et libérateur. La prise de conscience marque en effet le début d’une possible guérison. Qu’appelle-t-on parents toxiques ?

Pour savoir sur quoi nous pouvons agir et se libérer de l’emprise, apprenons à distinguer certaines notions.

Ayons « l’humilité d’accepter ce qui ne peut être changé, le courage de transformer ce qui peut l’être et le discernement pour distinguer l’un de l’autre. » !

Comment distinguer une personne toxique d’une relation toxique

Toxique versus maltraitant

On peut définir la toxicité comme une conséquence, un effet de la maltraitance.

● « La maltraitance est un mauvais traitement infligé à une personne que l’on traite avec violence, mépris, ou indignité. Elle implique un rapport de pouvoir ou de domination entre l’auteur et la victime. La victime étant souvent dépendante et sans défense. » (Wikipédia)

La toxicité est moins visible car elle désigne les conséquences de la maltraitance sur l’individu qui la subit.

● Dans les deux cas, la victime subit critique, mépris, humiliation, violence (psychologique, verbale et/ou physique…), manipulation émotionnelle (chantage affectif, par exemple).

Pour aller plus loin sur l’impact de la maltraitance sur le développement psychosocial de l’enfant :

https://www.enfant-encyclopedie.com/maltraitance-des-enfants/selon-experts/limpact-de-la-maltraitance-sur-le-developpement-psychosocial

La violence verbale est une maltraitance.
La violence verbale est une maltraitance.

Personne toxique ou relation toxique ?

Pour faire court…

● Une personne toxique l’est avec (presque) tout le monde. Elle se caractérise par plusieurs traits de caractère : négativité, critiques tous azimuts, insatisfaction permanente, reproches, victimisation, égocentrisme, incapacité à se remettre en question et à s’excuser de ses comportements, narcissisme extrême, etc.

Autocentrée, jalouse, envieuse, souvent fière, voire arrogante, persuadée d’avoir toujours raison, jamais coupable de rien, convaincue de son « bon droit » (les autres doivent se plier à sa conception du monde et de son ordre hiérarchique avec, en haut de la pyramide, elle ! Symptôme accentué par l’âge… 😨), elle ne manifeste guère d’empathie sauf pour se faire valoir ou saisir l’opportunité de comparer les malheurs de son interlocuteur avec les siens ; elle parvient souvent à donner d’elle une très bonne impression à l’extérieur du cercle de son emprise.

● Une relation toxique est un lien interpersonnel dysfonctionnel, qui fait du mal à l’une des deux personnes ou aux deux. Elle n’est pas forcément détectable immédiatement. C’est l’accumulation et la répétition de certains comportements qui la mettront en lumière.

C’est la rencontre entre deux personnes et leur singularité qui crée cette toxicité. Chacune active les blessures de l’Autre.

Personne toxique ou relation toxique : vous ne vous sentez pas bien avec elle

Dans les deux cas, vous êtes mal à l’aise. Ça peut aller jusqu’à la souffrance. Bien que vous en ayez conscience, vous n’êtes pas capable de vous en libérer. Surtout lorsque cette personne ou cette relation concerne un très proche. Par exemple un parent toxique.

Pour simplifier, on admettra que la notion de parents toxiques répond aux deux définitions : la mère/le père est toxique (il a souvent les traits de caractère énumérés) ; par conséquent sa relation avec les autres, a fortiori avec ses enfants, est toxique.

Le parent toxique n’est pas forcément un « pervers narcissique » 

STOP avec cette expression tarte-à-la-crème !

Nous ne sommes pas psychiatre pour poser un diagnostic clinique sur une altération du comportement ou de la personnalité. Le « pervers narcissique », qui relève de la psychopathologie, est décrit dans le manuel de référence international en psychiatrie, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).

● Le fait de traiter quelqu’un de pervers narcissique est grave parce que nous collons sur la personne une étiquette qui la stigmatise. Or il est difficile de sortir des schémas qui nous définissent, surtout lorsqu’ils sont négatifs.

D’autre part, puisque les mots attirent la réalité, « traiter » quelqu’un de pervers narcissique, c’est l’amener insidieusement à adopter les types de comportements qui lui sont reprochés. En exagérant un peu, c’est un peu comme s’il se sentait inconsciemment autorisé à se conduire de la façon dont il est traité…

Enfin, pour un jeune enfant, entendre sa mère traiter son père de « pervers narcissique », c’est TERRIBLE ! (C’est hélas souvent cette configuration)

L'enfant aime ses deux parents.
L’enfant aime ses deux parents.

Ne traitez surtout pas l’Autre parent de votre enfant de « pervers narcissique » !

Probablement avec la meilleure volonté du monde, la mère blesse son enfant en insultant son père.

Or tout enfant aime ses parents, les deux. C’est normal et c’est bon pour sa santé affective.

N’allez pas à l’encontre de l’affection ou de l’amour d’un enfant. Il se sent incompris, blessé et trahi. Il aura tendance à masquer ses émotions, voire à les refouler. Ça l’entraînera aussi, possiblement, dans le mensonge pour ne pas froisser le parent accusateur…

L’enfant de parents séparés vit déjà une réalité très dure, qui le coupe dans son affect, il assiste à un lien d’amour brisé dont il est né. Il a déjà instinctivement tendance à se culpabiliser de cette séparation, il est donc utile pour son développement psychique de ne pas en rajouter…

Personne toxique, relation toxique, parent toxique : comment échapper à l’emprise

Les signes d’une relation toxique

Il y a plusieurs signes caractéristiques d’une relation toxique mais celui qui compte le plus est d’abord votre ressenti, cette impression négative que vous éprouvez à son contact. Vous…

– ne ressentez aucune joie, vous êtes instinctivement sur la défensive ;

– êtes dans la peur des prochains échanges – de quelle humeur sera-t-il/elle ?

– faites des projections négatives – « il va encore me reprocher ci… ou ça » ; « elle va encore se plaindre »… « il va encore parler de ses maladies »… « elle va me faire du chantage affectif », etc. ;

– avez besoin de vous « préparer » pour vous PROTEGER de ses attaques possibles – s’il/elle aborde tel sujet, je répondrai ceci… ou cela ;

n’exprimez presque plus rien de vous… en raconter le moins possible car vous savez qu’elle/il va en profiter pour vous faire des remarques ou des reproches ;

– mettez en place des stratégies de contournement ou de fuite : par exemple, le faire parler de lui/d’elle (même si ce n’est pas passionnant). Comme elle/il est égocentrique, ça occupera une partie de la conversation et vous aurez fait votre « devoir » de « bon enfant » ;

– avez l’impression de ne pas être Vous avec lui/elle, d’être dissocié, pour lui plaire, pour ne pas lui faire d’ombre, pour qu’il vous laisse tranquille, pour qu’une dispute n’éclate pas. Vous vous surprenez même à lui mentir (ce n’est pas vous !) pour qu’il/elle ne vous reproche rien ;

– vous sentez soulagé.e à la fin de votre échange avec elle/lui, surtout lorsque ça s’est relativement bien passé ;

– avez bien conscience que vous n’êtes pas dans une relation saine – surtout quand vous comparez avec celles que vous pouvez vivre avec d’autres personnes, ou celle que votre conjoint.e vit avec ses parents, par exemple.

D’autres signes, spécifiques à la relation au parent toxique

● Parmi les stratégies pour asseoir son pouvoir, les parents toxiques peuvent dresser frères et sœurs les uns contre les autres sans forcément en avoir conscience. Ils tentent ainsi de contrôler les liens, pour rester au centre. Ils font en sorte de centraliser la communication, comme lorsque les enfants sont petits et qu’ils doivent « tout raconter », y compris les bêtises commises par le petit frère ou la petite sœur.

● A l’âge adulte, le parent toxique aura tendance à parler en mal du frère ou de la sœur, histoire de se faire plaindre (toujours dans la victimisation) et de trouver en son auditeur un allié auprès de qui s’épancher et sur qui s’appuyer.

« Diviser pour mieux régner » est une de ses devises plus ou moins inconscientes.

L’emprise, forme extrême d’une relation toxique

● Le mouvement #MeToo a popularisé la notion d’emprise appliquée à la relation homme-femme. L’emprise parentale existe également (l’emprise de l’enfant sur un parent existe également, mais c’est plus rare).

Il faut comprendre que l’emprise est un conditionnement. C’est le socle des violences psychologiques, dont l’objectif est de soumettre l’autre. C’est toujours une question de pouvoir et de domination… « L’emprise est la façon de mettre en domination une femme, un homme ou un enfant », témoigne la psychiatre Marie-France Hirigoyen.

Du fait de la dépendance originelle absolue de l’enfant au parent dans les premières années de la vie, le phénomène d’emprise est encore plus marqué, plus profond, plus difficile à conscientiser et à couper. Le bébé grandissant, entièrement dépendant, a besoin de soins, d’amour, de regard, de sécurité. La réponse à ces besoins est théoriquement prodiguée par ses figures d’attachement (la mère, le père, la nourrice, toute personne qui a l’habitude de le nourrir biologiquement et affectivement).

Si l’une de ces figures est déficiente, voire pathologique, elle peut enfermer l’enfant dans un système de type sectaire, d’où la liberté est exclue. La dépendance s’accroit avec les années.

● Rappelons que l’éducation doit être un accompagnement de l’enfant par le parent vers l’AUTONOMIE. Une personne sous emprise n’est pas libre.

L’adulte sous emprise souffre encore de la domination de son parent, qui exerce un véritable pouvoir sur lui. Il/elle pense et dit « aimer » son parent, être « fusionnel » avec lui ; en même temps elle/il a peur (de ses réactions, de ses dénigrements, de ses menaces, du chantage affectif…) ; il/elle se sent prisonnier, englué.e dans sa dépendance, chargé.e d’un fardeau qui ne lui appartient pas.

L'enfant de parent toxique se sent chargé de poids qu'il ne lui appartient pas de porter.
L’enfant de parent toxique se sent chargé de poids qu’il ne lui appartient pas de porter.

Parent toxique : comment sortir de la culpabilité

● L’une des grandes caractéristiques de l’enfant de parents toxiques, c’est son sentiment de CULPABILITE. Il se sent coupable de

ne pas faire ce qu’il faudrait pour que son parent soit heureux (rappelons que celui-ci n’est jamais satisfait ; on n’en fait jamais assez pour lui…). Quoi qu’il fasse, il aura droit à un reproche, une remarque ou un silence éloquent (notamment au téléphone 😉) ;

ne pas répondre aux demandes lorsqu’il/elle a décidé de s’émanciper (un peu) et qu’elle/il s’autorise à dire Non !

interrompre la communication lorsque le parent a franchi des lignes rouges (insultes, menaces ou autres comportements inacceptables) ;

couper les ponts lorsque « Trop c’est trop ! » et que l’enfant y voit le dernier recours pour soigner sa santé mentale et affective.

● Pour vous rassurer – mais n’est-ce pas plutôt triste ?! – les enfants victimes de violence parentale, les enfants battus se sentent coupables… de ne pas être à la hauteur, de ne pas être parfaits, de ne pas bien se conduire… ils considèrent que le châtiment qui s’abat sur eux est mérité 😱😨

● Vous l’aurez compris, le parent toxique insuffle de la culpabilité à tous les âges de la vie de l’enfant ! 😥

Parmi les conséquences délétères des comportements visant à rabaisser l’enfant et à le maintenir en dépendance : l’absence d’estime de soi et son corollaire, le manque de confiance en soi (nous y reviendrons).

L'estime de soi est une des bases de la confiance en soi.
L’estime de soi est une des bases de la confiance en soi.

Enfant idéal versus parent idéal : un deuil difficile à faire

Les parents toxiques n’ont pas fait le deuil de l’enfant idéal.

Tant que vous continuerez à en faire toujours plus pour eux, c’est que vous non plus, vous n’avez pas fait votre deuil du parent idéal. Et vous continuerez à culpabiliser

Comment sortir de la culpabilité : petit exercice de travail sur soi

● Prenez un papier et un crayon, posez-vous dans un cadre agréable et tranquille et répondez sincèrement aux questions suivantes :

1 – Qu’est-ce qui provoque ce sentiment de culpabilité ?

(Soyez le plus précis possible, décrivez, racontez, donnez des exemples…) ;

2 – Comment ressentez-vous dans votre corps ce sentiment de culpabilité ?

(Vous avez mal à la tête, vous ressassez, vous avez les mains moites, vous avez mal au ventre…) ;

3 – Par quel autre sentiment POSITIF pouvez-vous remplacer cette culpabilité ?

(La joie d’avoir enfin écouté votre petite voix intérieure, le plaisir d’avoir pratiqué une activité plaisante, le bonheur d’avoir passé plus de temps avec quelqu’un que vous aimez bien…)  ;

4 – Lorsque vous vous sentez « coupable », quelle idée/représentation/image pourriez-vous immédiatement invoquer pour remplacer cette pensée négative ?

(Vous vous voyez sur une plage idyllique, vous croquez dans votre gâteau préféré, vous pensez à vos enfants, à celui/celle que vous aimez et qui vous aime…) ;

● Ce petit exercice – à répéter à chaque fois que vous vous sentez « coupable » – vous aidera déjà à prendre de la distance.

Comment sortir de la culpabilité : remplacer les croyances limitantes par des croyances aidantes

● Commencez par un travail d’acceptation. Acceptez…

– VOUS NE CHANGEREZ PAS VOS PARENTS !

– Vous non plus n’êtes pas parfait.e (« le mieux est l’ennemi du bien » 😉).

– Tous vos besoins affectifs ne sont pas comblés par vos parents (vous avez dans votre entourage des amis, des proches qui vous aiment et avec qui vous vous sentez bien).

– La vie que vous menez vous convient : pourquoi en référer à vos parents ? (adulte, vous n’avez besoin d’aucun satisfecit !).

– Responsable de vos actes (n’allez surtout pas vous plaindre à votre parent… vous lui donneriez du grain à moudre !), vous en assumez les conséquences, même lorsqu’elles ne vous semblent pas idéales.

Mettez de la joie dans votre vie !

Aimez-vous davantage : vous êtes bon.ne, gentil.le, généreux.se, ouvert.e, tolérant.e, etc. (à vous de vous énumérer pour vous-même vos qualités et osez demander à vos amis de vous aider à les identifier 😍😊).

– Tentez l’humour. Par exemple, préparez des réponses décalées à des messages lourds de reproches, entraînez-vous !

– Soyez bon.ne et bienveillant.e avec vous-même : félicitez-vous lorsque vous accomplissez une action qui vous a demandé du courage !

– Visualisez des paysages que vous aimez…

Visualiser un paysage aimé aide à se sentir bien.

Visualiser un paysage aimé aide à se sentir bien.

Parents toxiques, comment se libérer de l’emprise et de la culpabilité : en guise de conclusion…

Parmi les personnes et les relations toxiques, les parents toxiques occupent une place à part parce qu’ils sont incontournables dans notre vie. Sans eux nous ne serions pas là/nous n’en serions pas là !

Si le lien biologique qui nous unit à eux est indestructible, il en va autrement du lien affectif.

Un père en présence de qui nous ne nous sentons pas bien, une mère qui nous martèle ses reproches, des géniteurs qui ne cessent de se plaindre, de critiquer, d’humilier… sont des parents toxiques.

Chacun.e de nous a mis en place les stratégies de protection qui semblent nous convenir (évitement, défense, rupture…).

Pour en savoir plus, Parents toxiques : comment s’en libérer !

Si vous préférez ne pas attendre davantage et passer directement à la pratique, ça commence ici !

Accepter de vous faire aider : le premier pas !
Accepter de vous faire aider : le premier pas !